Zoom sur les rituels de célébration du nouvel an malgache

Le nouvel an malgache appelé aussi « Alahamadibe » ou encore « Taom-baovao Malagasy » est un événement national dont la célébration a resurgi depuis l’année 1990. À l’époque de la colonisation, précisément en 1897, la réalisation des rituels de célébration a été annulée par les colons car ils voyaient cette fête comme une pratique ancestrale. Malgré cela, de nombreux malagasy l’ont commémoré en cachette. Et si on découvrait quelle est l’histoire de cette fête malagasy ? Quelle est son origine ? Quels sont les rituels et les valeurs qu’elle a pour le peuple malagasy ?

Histoire du nouvel an malagasy

Le Taom-baovao Malagasy est une fête traditionnelle permettant de revaloriser les 7 fondements de la philosophie malgache : la foi en « Zanahary » (le Dieu Créateur), la valeur du « Aina » (la vie), le « fahamasinana » (le sens du sacré), le « fihavanana » (la solidarité et l’entraide), le « fahamarinana » (le sens de l’équité et la justice), le « fahasoavana » (le bonheur) ainsi que l’attachement aux héritages ancestraux.

Le nouvel an malagasy est une fête nationale et populaire. Il n’a rien à voir ni avec la royauté ni avec la notion d’ethnie. Il a été pour le peuple malagasy tout entier et, historiquement, sa célébration officielle a vu le jour pendant le règne du roi Ralambo (1575-1610). Ce roi est né le premier jour du mois Alahamady et les cérémonies se faisaient aussi pour les premiers jours du mois Alahamady, sur la colline sacrée d’Ambohitrabiby. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une date fixe comme on le voit actuellement dans les calendriers utilisés par la majorité des malagasy mais elle dépend du jour où la première lune est la plus proche du jour d’équinoxe du 21 mars.

Le calendrier malgache est un calendrier lunaire qui compte douze mois lunaires, débutant chacun par une première lune. Jusqu’en 1810, chaque région de Madagascar a son propre calendrier et définit donc chacune le jour de célébration du nouvel an. À partir de 1810, une uniformisation du calendrier malgache fut opérée sous l’égide du Royaume de Madagascar et le nouvel an est alors célébré au premier jour du mois d’Alahamady pour toute l’île. Le mois d’Alahamady est un mois qui marque la fin de la saison des pluies et le début de la période de récolte du riz, appelé aussi « fararano ». Si l’on se réfère au calendrier grégorien, le « fararano » et le mois d’Alahamady se situent entre mars et avril. En cette période, les malagasy sont heureux d’avoir affranchi le « Maitso ahitra » ou « la période de soudure », dominée par l’insuffisance des denrées alimentaires qu’on peut même qualifier de famine. Au mois d’Alahamady, les malagasy sont donc heureux de s’en être sortis et d’avoir pu surpasser les fortes pluies, les vents violents, les feux dévastateurs, etc. C’est alors le mois opportun pour célébrer divers événements festifs.

Les rites de célébration du nouvel an malagasy

Comme il a été mentionné un peu plus haut, la première célébration du nouvel an malagasy se déroulait sur la colline sacrée d’Ambohitrabiby. Depuis, c’est sur cette colline sacrée qu’est allumé le premier « afo tsy maty » (feu éternel) avant ceux des 11 autres collines sacrées de l’Imerina dont : Antananarivo, Ambohimanga, Imerimanjaka, Alasora, Namehana, Antsahadinta, Ikaloy, Ampandrana, Ambohitrontsy, Imerimandroso, Ilafy.

Les rites qui ont été mis en place par le roi Ralambo se déroulent comme suit :

Le « Fandroana » ou bain royal : ce premier rituel se fait le jour précédant le jour du nouvel an. Il marque le renouvellement de la pureté du souverain. Le peuple considère aussi le bain sacré comme un signe de purification et de bénédiction.

Le « Afo tsy maty » ou feu éternel : durant l’après-midi de la veille du jour de l’an, les femmes et les enfants font 7 fois le tour de leur village en emportant des lampions ou « arendrina » pour chasser les mauvais esprits et les mauvais sorts.

Le « santatra » : ce rite désigne le renouveau et le peuple se vêt de nouveaux habits. Même les nattes utilisées dans les maisons sont neuves.

Le « safo-rano misandratr’andro » : c’est le rituel de la bénédiction des aînés et des parents, pour tous les membres de la famille, avec une eau pure puisée très tôt le matin. Cette eau est chauffée dans un récipient en argile qu’on met dans la demeure royale.

Le « tatao » : c’est le moment de servir le riz au miel et au lait. Ce plat signifie le partage du bonheur et de la joie.

Le « nofon-kena mitam-pihavanana » : ce rituel met en évidence le « Fihavanana » qui est une valeur importante et sacrée pour les malagasy. Cette pratique est marquée par le partage de la viande de zébu « omby volavita », des zébus de couleur rouge et blanche offerts par les familles proches du souverain.

Le « zara hasina » : c’est le rituel des offrandes qui sont surtout des épis de riz, signes de gratitude envers les ancêtres mais aussi un détail qui reflète l’avis du roi Andrianampoinimerina qui a dit « Fahavaloko ny mosary » (la famine est mon ennemi). Les malagasy considèrent leurs ancêtres comme des protecteurs et des bénisseurs de leurs descendants. C’est pourquoi, le peuple n’oublie jamais le rituel du culte aux ancêtres dans tous les événements qui marquent leurs vies.

De nos jours, la célébration du nouvel an malagasy est devenu libre et comme chaque société humaine a sa propre culture, la célébration se fait selon les concepts culturels de l’ethnie concernée. Toutefois, le « Trano Koltoraly Malagasy » et l’association « Taranak’Ambohitrabiby » organisent la célébration du nouvel an malagasy, et ce, de manière ponctuelle, sur la colline sacrée d’Ambohitrabiby.